La rhizarthrose, une forme d’arthrose qui touche la base du pouce, peut transformer les gestes les plus simples en véritable défi. Pour Christian, trompettiste professionnel à Berlin, cette maladie a bouleversé sa vie pendant plus de cinq ans. Les douleurs, devenues insupportables, menaçaient non seulement sa carrière musicale mais aussi son quotidien. Après deux opérations, il revient sur son parcours, entre souffrance, doutes et renaissance.
Quand la douleur s’installe
« Même au repos, ma main me faisait mal. Je pouvais être allongé dans mon lit et ressentir des élancements », raconte Christian.
À 59 ans, ce musicien expérimenté vivait un véritable calvaire. Jouer de la trompette exige de maintenir l’instrument longtemps dans une même position et de serrer fermement les pistons. « Cette position statique, répétée depuis des décennies, a sûrement accéléré l’usure de mon articulation », explique-t-il.
Peu à peu, la douleur ne se limite plus aux concerts : écrire, porter un sac, voire simplement tenir une feuille de papier devenaient pénibles. Le jardinage lourd — pousser une brouette, pelleter de la terre, transporter des plantes — devenait épuisant. Le sport n’y échappait pas non plus : soulever des poids ou pratiquer le yoga sollicitait ses mains de façon constante et douloureuse.
> Lire notre page dédiée : Impact de la rhizarthrose sur les gestes du quotidien
Soulager la douleur avant d’accepter la chirurgie
Comme beaucoup de patients, Christian a d’abord exploré les solutions non chirurgicales :
- Infiltrations de cortisone, efficaces quelques semaines,
- Séances de kinésithérapie et massages, procurant un soulagement temporaire,
- Orthèses adaptées, qui lui ont permis de continuer à jouer, sans enrayer l’évolution.
Il a même tenté la radiothérapie ciblée (traitement disponible en Allemagne), sans amélioration durable. « On espère toujours que ça suffira. Mais à un moment, on comprend que ce n’est que temporaire », confie-t-il.
Chez lui, la maladie avait aussi une dimension familiale : « Ma mère et ma sœur souffraient déjà de la même arthrose ».
Le cap décisif : choisir l’opération
Après des années à jongler avec ces traitements, Christian sentait bien que la douleur ne disparaîtrait jamais. « Je ne pouvais plus jouer sans souffrir, ni même faire mes gestes du quotidien. Chaque solution testée n’était qu’un pansement provisoire », explique-t-il.
Le déclic est venu à l’automne. Conseillé par un ami médecin et après de longues recherches personnelles, il prend rendez-vous avec une chirurgienne spécialisée à Berlin. « J’ai lu des témoignages, j’ai pesé le pour et le contre. Je me suis dit qu’il fallait arrêter d’attendre. Je risquais de perdre définitivement la mobilité ».
Lors de la consultation, les radiographies confirment ses craintes : l’articulation est si usée que les os frottent directement l’un contre l’autre, « comme une roue métallique qui grince faute d’amortisseur », illustre la chirurgienne.
Confronté à cette réalité, Christian décide d’avancer. En décembre, il est opéré de la main droite. Trois mois plus tard, la gauche suit. « C’était effrayant, bien sûr, mais je savais que c’était le seul moyen de retrouver ma vie d’avant », confie-t-il.
> Lire notre page : Opération de la rhizarthrose : techniques et résultats pour en savoir plus.
Une chirurgie bien vécue
LL’intervention se déroule sous anesthésie générale, dans un climat de confiance. L’hospitalisation est courte et sans complication.
« Je m’attendais à souffrir énormément après l’opération. Finalement, j’ai été surpris : c’était supportable, bien moins que ce que j’avais enduré avant », se réjouit-il.
La rééducation démarre aussitôt avec des spécialistes de la main : mobilisation douce, renforcement progressif, travail sur la cicatrice. Chaque étape vise à sécuriser la récupération.
Reprendre ses gestes, retrouver sa musique
Six semaines après l’opération, Christian retrouve une autonomie qu’il n’osait plus espérer. « Le plus étonnant, c’est à quelle vitesse on oublie les douleurs », dit-il.
Peu à peu, il rejoue de la trompette, reprend le sport, jardine et retrouve une vie active. « Ce qui me rassure le plus, c’est que je peux à nouveau utiliser mes mains intensivement — porter des charges lourdes au jardin, pratiquer le yoga — sans crainte. »
Pour lui, la scène a repris toute sa place : « Ma main, ce n’est pas seulement un outil, c’est ma vie. Rejouer sans souffrir, c’est une liberté que je pensais perdue ».
Une nouvelle vie et un message d’espoir
Aujourd’hui, Christian vit sans douleur et encourage ceux qui hésitent encore :
« Je comprends les craintes, mais la chirurgie m’a rendu ma vie. On oublie vite les années de souffrance. »
Son parcours montre qu’une prise en charge adaptée peut réellement transformer le quotidien, même après des années d’arthrose.
L’histoire de Christian illustre le chemin de nombreux patients atteints de rhizarthrose : un long combat contre la douleur, des solutions temporaires, puis une chirurgie qui change tout. Son expérience prouve qu’il est possible de retrouver une vie active, professionnelle et personnelle, et de continuer à faire ce que l’on aime, même après des années de souffrance.